Embryon d'horizon 2016

Plastique, eau, papier journal déchiqueté

Dimensions Longueur 22 cm x Diamètre 10 cm 

Fossile d'horizon  2017

Pierre calcaire, terre, résine, peinture acrylique

Dimensions 40 cm x 30 cm x 20 cm

De la densité d’un réel à la fois non transformé et modifié…

« L’artiste est celui qui fixe et rend accessible au plus humain des hommes le spectacle dont ils font partie sans le voir »¹. Ce lieu qu’est le monde, nous en sommes. Immergés, imprégnés jusqu'à la moelle et au cortex. Nous en sommes et nous contribuons par notre être-là à le transformer. Mais nous avons beau exister, nous ne voyons pas tout ou du moins ce que nous voyons passe par le prisme étroit de notre perception. Notre être-là est déjà construit, limité par toutes sortes d’échafaudages complexes, collectifs, familiaux, génétiques. Nous nous noyons dans nos représentations, nous les prenons pour le réel. Or, comme le dit Miró : «Nous devons écouter le cri de la terre !»². L’artiste, lui, est dans une communauté de monde avec ce qu'il voit, il n'est ni au-delà ni au-dessus, mais sa perception se fait à partir de la nature. « Quand je dis que tout visible est invisible, il faut comprendre que c’est la visibilité même qui comporte une non-visibilit黳. Ce sont les mots de Merleau-Ponty, le philosophe qui admirait Cézanne et qui conseillait aux penseurs de s'inspirer des peintres pour essayer de saisir la chair du monde. Alors, regardons, retournons aux choses mêmes, à «l’école des choses», ce « Mono-Ha »4 initié par l’artiste coréen Lee Ufan.

L’œuvre «Fossile d'horizon » d’Anne Papalia parle de la densité d’un réel à la fois non transformé et modifié par la main de l’homme. Ici, l’artiste nous rejoint dans l'intimité de notre rapport aux éléments simples de la nature : le donné brut du réel s'entrelace sans ostentation avec ce que l'artiste y ajoute .Une pierre, peinte en partie, un support terreux transformé. Mais ces matériaux «naturels» terre, pierre s'associent à d'autres matières fabriquées. Comme si nous ne pouvions échapper à notre double appartenance, à la fois éléments du vivant et artisans de sa transformation, des êtres naturels ayant inventé la rupture, l'artificiel, la culture. Cette œuvre nous interroge sur notre place et notre empreinte : que va devenir la terre, imbibée de nos mazouts, saturée par nos déchets, souillée par nos démesures? Un fossile est un reste de vivant, minéralisé, conservé dans une roche. Parlons-nous d'un horizon fossilisé? Cette ligne de blanc à la fois symbolique et physique devient-elle cri d’alarme ? ou suggère-t-elle l’existence de quelque chose comme un au-delà, un support pour une prise de conscience ?

Texte d'analyse par Jacline Guerrini, terrienne chercheuse de sens

1. Merleau Ponty, L’œil et l’esprit,1960

2. « Nous devons nous accrocher à la terre, nous devons écouter le cri de la terre » Miró, Déclarations à Camilo José Cela,1957

3. Merleau Ponty, Phénoménologie de la perception,1945

4. Lee Ufan artiste coréen (né en 1936) théoricien du mouvement Mono-Ha. Ce mouvement artistique met en lien des matériaux naturels transformées par le travail de l'homme et des matières naturelles non modifiées.il questionne les rapports qui existent entre le naturel et l'artificiel.

Bunkers flottant sur l'horizon 2015

Cire noire, béton, agrégats cailloux

Dimensions 12cm x 18 cm x 14 cm